Les Misérables et Victor Hugo : au nom du peuple
Livre somme, roman d'un peuple, œuvre repère universelle, ce monument de la littérature de quelque 1 500 pages, incontournable dans les programmes scolaires, autant adapté sur scène qu’au cinéma, retrace l’épopée rédemptrice du forçat Jean Valjean, devenu porte-parole de tous les damnés de la terre. Vouée aux gémonies à sa parution en 1862 — « un livre immonde et inepte ! » tranchera Baudelaire —, fustigée pour son sentimentalisme, l’œuvre, qui menace l’ordre établi, affole les puissants et donne de l’espoir aux opprimés, en exaltant les barricades : « Parfois, insurrection, c’est résurrection ! » Mais sa genèse au long cours (plus de quinze ans de chantier) recouvre aussi la conversion douloureuse du conservateur Victor Hugo, pair de France assis sur une gloire précoce, aux idéaux de progrès social.